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Parce qu'il ne tient qu'à nous de marcher

Publié le par @Miss-Piquante

Parce qu'il ne tient qu'à nous de marcher

Nous n’oublierons pas de si tôt cette journée du 8 novembre 2016. Deux grands sujets ont rythmé ma journée : la mobilisation des soignants et les élections américaines. Petit retour sur cette journée historique.

Tout d’abord, je l’attendais depuis longtemps. Nous avons été appelé à manifester à Paris et dans toute la France ce mardi 8 novembre pour dénoncer nos conditions de travail et notre manque de reconnaissance. Ce mouvement a rassemblé des milliers de soignants. Beaucoup de médias ont parlé de manifestation infirmière mais bien sûr les IDE seuls n’auraient pas encore assez de poids pour changer notre système de santé. Fort heureusement nos collègues AS, ASH, AMP, AP, Brancardier, et d’autres que j’ai certainement oublié, tous ceux qui travaillent à nos côté chaque jour ont répondu à l’appel à leurs manières. Il n’a jamais été évident pour nos professions de se mobiliser en masse, enter réquisition et épuisement, distance géographique et obligations familiales. Bref, entre nous patients et notre vie privée, tout le monde n’a pas pu monter sur Paris et dans les grandes villes pour manifester. Mais beaucoup ont exprimé leur soutien. Le nombre au final peut certes nous permettre de faire parler de nous, mais je ne crois pas que c’est ce qui va jouer sur les décisions de Marisol. C’est avant tout l’unité qui nous rendra plus forts et nous donnera plus de poids. J’ai été très émue par le soutien des policiers et sapeurs pompiers, je les en remercie. Nous sommes tous au service des usagers, nous œuvrons pour la sécurité, le bien-être, le respect da la dignité et de la vie humaine.  Mais nous souffrons tous aujourd’hui. Ce 8 novembre n’était à mon avis qu’un début. Nous laissons une chance à la ministre de nous annoncer ses mesures, mais je pense fortement que celles-ci ne seront que promesses répétées et non tenues sur la revalorisation des formations, la recherche infirmière, les conditions d’études etc. Ce sera un début. Mais ce n’est qu’un voile.
A l’assemblée nationale, Marisol a été interpellée par Nicolas Sansu, député-maire front de gauche de Vierzon. Et, sans aucune identification politique à cette personne, je l’en remercie. Etant maintenant dans la région Centre-Val-de-Loire j’ai apprécié son petit rappel sur la souffrance de la région en matière de santé. Mais il a surtout rappelé ce qui nous inquiète : ces mesures économiques qu’on nous annonce encore et encore, ces postes supprimés, les conditions de travail qui se dégradent, l’indifférence devant les suicides, et pointe également du doigt la T2A ainsi que le groupement hospitalier de territoire. Réponse de la ministre ? Je vous laisse regarder et écouter vous-même : https://www.youtube.com/watch?time_continue=101&v=LNpvMjMBamw

Chère Marisol votre réponse me désespère tellement elle me semble empreinte d’hypocrisie. Vous dites nous saluer, apprécier notre engagement mais n’avez pas daigné recevoir une délégation à Paris vous-même. Marisol ce que nous demandons n’est pas du domaine de l’impossible. Ce que vous avez fait durant ces cinq dernières années cependant pour le bien-être des soignants et surtout de nos patients me semble par contre relever de l’invisible. Marisol je termine tout juste ma formation d’infirmière et j’ai peur de ce que je vais trouver à l’hôpital. Marisol j’ai peur de délaisser ma famille. J’ai peur de m’épuiser. J’ai peur d’être culpabilisée par ma direction lorsqu’ils chercheront à remplacer au pied levé un de mes collègues qui, éreinté, sera arrivé jusqu’au burn-out, me disant que si je ne viens pas ce sont mes autres collègues qui vont souffrir de cette journée. Marisol pour tout vous dire je suis très remontée et cette mobilisation m’a fortement touchée. Je crains qu’une fois encore nous n’ayons pas été entendus mais nous ne lâcherons pas. Vos marques de mépris et d’indifférence à notre égard nous ont fatigués. Nous sommes des personnes douées de beaucoup de patience, de tolérance et de compassion. C’est indispensable dans la profession. Mais Marisol, nous perdons patience. Vous nous mettez tous, soignants et patients, en danger. Marisol je refuse de ne pas avoir le temps de prendre soin. Je refuse ces mesures économiques auxquelles vous voulez nous soumettre. Je refuse que notre système de santé bascule et se fracasse en mille morceaux. Votre réponse à  l’assemblée nationale ne suffit pas. Nous vous attendons au tournant. Les choses doivent changer. Marisol, passée la tristesse suite aux suicides infirmiers qui sont restés sous silence vient la colère. Ce n’est pas terminé.

 

Mais c’est là que mon propos devient plus intéressant. Car après cette manifestation et ces réflexions j’ai suivi la soirée électorale aux Etats-Unis. Je me suis endormie vers 1h du matin devant le direct de quotidien. Quelque chose m’a tirée du sommeil vers 5h et j’ai vu que Trump était en tête. J’ai commencé à avoir peur. Puis je me suis dis qu’il y avait encore un peu d’espoir. Mais à 7h30 du matin mon visage s’est décomposé. C’est quoi ce bordel. Ils ont mis au pouvoir un homme détestable et qui en plus se joue de ce rôle. Un millionnaire sexiste voire misogyne, raciste, intolérant, irrespectueux, vulgaire, menteur, fanfaron, qui ne supporte pas que l’on pense autrement, qui accuse les médias de tous les malheurs du monde et qui prétend comprendre le bas-peuple. Mais je comprends ceux qui ont voté pour lui. Des blancs plus ou moins jeunes que la mondialisation a affecté, qui ne croient plus en leurs politiques, qui ont peur de l’inconnu et qui comme nous ont voulu crier leur colère. Alors les réactions s’enchaînent depuis ce matin. Voici la mienne. Trump a un certain mérite, il est loin d’être idiot et a très bien joué, il s’est fait lynché par tous les journalistes mais les a discrédités. Il a crée la surprise. Cependant j’ai peur. Peut de ce qu’il va pouvoir faire. Pour autant je ne dis pas qu’Hilary était mieux. Et c’est là tout le problème. En 2017, nous seront amenés à faire un choix aussi ridicule également. Choisir le moins pire, choisir la personne qui casser les codes, ouvrira le plus sa gueule, choisir le parti de la colère pour montrer notre souffrance. Parce qu’à ce jour en quel candidat pourrait-on croire ? Moi je n’en sais rien. Et j’en ai marre. J’ai 21 ans, toute jeune dans la vie adulte. Mais j’ai de grands espoirs et des ambitions. Je veux croire en l’humanité. Je veux croire que nous laisserons un monde meilleur pour nos enfants. Aujourd’hui je suis prête à bouger au nom de nos valeurs républicaines qui devraient être celles de tous les Hommes.

Liberté. Egalité. Fraternité.

Nous avons laissé faire. L’esprit Charlie s’est envolé aussi vite qu’il est venu. J’avais pourtant de l’espoir le 11 janvier 2015. Nous en sommes capables. Nous sommes le pays de la liberté et des droits de l’Homme. Nous sommes ces râleurs toujours mécontents qui défilons dans les rues pour le crier. Nous sommes capables de changer l’Histoire. Mais c’est à nous de bouger. Je ne veux pas avoir honte, dans vingt-ans, lorsque mes enfants étudieront ces évènements en cours d’Histoire et me poseront des questions. Je ne veux pas leur avouer que nous n’avons rien fait. Je ne veux pas rester immobile.
A présent nous devons tous nous mobiliser, non seulement pour la santé, mais pour la sécurité, la solidarité, la liberté, l’égalité, la fraternité, la démocratie, l’éducation, l’environnement, l’économie, le droit des femmes, le droit des enfants, les affaires sociales, la justice… Bref. Nous sommes tous citoyens. Nous devons tous marcher. Que ceux qui se plaignent sans arrêt et disent eux aussi vouloir montrer leur colère en votant Front National ouvrent les yeux. Vous aurez été manipulés, ils vont jouer sur cette colère et ne feront certainement rien de mieux que les autres. Parce qu’aujourd’hui nous ne votons plus pour un programme dans lequel nous nous retrouvons, mais contre des personnes qui nous déplaisent. C’est ça la démocratie ?

 

« PARCE QU’IL NE TIENT QU’A NOUS DE MARCHER. »

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